Buissonner
2024 | Jardin botanique, Lausanne
Dans le jardin, c’est un moment du monde qui s’ouvre au regard.
A chaque arrivée au jardin botanique, je me retrouve d’abord un peu à errer, sans savoir sur quoi poser le regard. C’est tout d’abord comme s’il n’y avait rien à voir, et puis des lignes, des branches, des éclosions affleurent. Parfois ce sont juste des tiges, puis une exubérance de pétales. A certains moments, une plante fait tomber en arrêt, telle une apparition. Par quelle persistance se fera son retour dans le dessin ?
Durant plus d’un an de visites hebdomadaires au jardin botanique, j’accompagne Corine qui y travaille comme jardinière. Je la cherche dans la serre ou dans une allée, c’est elle qui me désignera la noix de muscade unique, le repli des feuilles du Mimosa pudica. Et c’est elle aussi qui nomme les plantes : les pervenches, l’aspérule, et aussi les invasives et les exilées. Celles qui s’installent et celles qui ne demeurent pas, dont les étiquettes rassemblées dans un seau restent seules à faire état d’un passage.
On est face au moment: quelque chose passe du regard dans le dessin, mais cela passe aussi par un dessaisissement, on ne voit plus et on cherche à retrouver l’intensité de ce qui s’était donné à voir. Comment dire cet état d’entre la perception et la forme? Une justesse à donner à cet entre-deux, en restant près de l’origine du regard, près de la végétation.
En hommage à celles et ceux qui travaillent au jardin, à leur soin et leur savoir, avec les gestes qui en relèvent.